Est-il déjà trop tard ?

Lentement, sûrement, la conscience écologique vient à notre génération, dans une atmosphère de pré-apocalypse, à l'aube d'une nouvelle ère qui touchera l'humanité toute entière : celle d'une catastrophe aujourd'hui inévitable. 2019, alors que le thermomètre atteint des records, que les nouvelles rapportent une nouvelle catastrophe naturelle par semaine, les derniers défenseurs du capitalisme s'efforcent encore de tourner en ridicule le combat écologique : blagues de très bon goût sur les végans et les « salades qui ont des sentiments », persistance du scepticisme sur le climat etc… Heureusement en 2019, il n'y a qu'eux-mêmes qu'ils parviennent à ridiculiser. La jeunesse n'est pas dupe et nos familles commencent aussi à se demander s’il n'y a pas un fond de vérité dans le mouvement « bobo écolo », raillé par la gauche autant que la droite, sur un fond de lutte des classes ou bien de défense aveugle de nos traditions. La situation semble évoluer, des actions coup de poing fleurissent dans les rues de la capitale, mais la vraie question est la suivante : n'est-il pas trop tard ? Avons-nous un quelconque pouvoir sur ces firmes transnationales toutes-puissantes ? La majorité ne restera-t-elle pas aveugle jusqu'au bout ? Que pouvons-nous faire, et comment le faire, nous qui sommes les seuls à le pouvoir ? Il est ainsi difficile de différencier le « green-washing » d'une réelle prise de conscience écologique générale. Lorsque carrefour se met au bio, dans une pub pleine de bons sentiments, alors que nous pouvons distinguer sur leurs étalages le plastique qui emballe leurs légumes, qui croient-ils convaincre ? Je le crois, ces grandes marques dont le seul dieu est profit, ne prendront pas le tournant, et finiront dans le mur. Mais, le timing est-il bon ? Ne sera-t-il pas bien trop tard pour la planète lorsque ces Goliaths seront enfin à terre ? Comment nous, citoyens, pouvons-nous leur asséner ce coup fatal sans l'aide de nos dirigeants ? Comment trancher, entre cet « à quoi bon » confortable qui retient une grande majorité d'agir et l'idée que nous seuls avons le pouvoir de décider notre destin ? L'histoire nous a prouvé ce qu'un peuple peut faire pour renverser l'ordre établi, mais comment encourager l'humanité tout entière à s'auto-déterminer ? Comment envisager un changement constitutionnel écologique à l'échelle du monde, sans favoriser les ultras-riches en creusant les inégalités existantes ? Autant de questions auxquelles chaque réponse impose une contradiction, autant de paradoxes que nous devons résoudre, nous, enfants d'un monde mourant. Comment inciter l'humanité toute entière à comprendre son destin commun, et son rôle à jouer, dans un monde aussi individualiste ? La transition écologique ne se résume pas à acheter une brosse à dent en bambou et des légumes bio, elle nécessite un changement radical de mode de consommation. En sommes-nous capables ? Comment sacrifier notre mode de vie sans garantie de succès ? Ne va-t-on juste pas rendre les dernières années de notre espèce invivables ? Se priver de son burger empêchera-t-il plus de 60 milliards d'animaux d'être assassinés chaque année, après avoir vécu sans jamais avoir vu le soleil ? A cela je répondrai avec l'adage « c'est encore plus beau quand c'est inutile ». Sortons un peu de notre logique rationnelle calculatrice qui précisément nous a menés à ce merdier. Cessons avec nos statistiques et notre utilitarisme vide de sens, et retrouvonsle principe, comme seul motif d'action. Ne soyons pas complices, même si la terre est condamnée, pour que « l'à quoi bon » ne vienne plus jamais troubler nos résolutions. Agissons, résistons par principe, et par principe seulement pour rendre à la terre son irréductible beauté et détruisons cette raison froide qui nous a éloigné de nos racines. Retrouvons l'être, en soi et pour soi et cessons de vivre ainsi, transmettons aux générations futures cette morale du cœur rendons nous digne d'habiter cette sublime sphère, que nous partageons avec des milliers d'espèces merveilleuses ! Que chacun décide pourquoi il doit agir, mais par pitié, agissons ! Lorsque cette Antigone des temps modernes, Greta Thunberg, au regard dur comme la pierre à l'image de cette époque sanguinaire prend la parole à la cop24 pour humilier les dirigeants du monde entier, mon cœur se remet à y croire, car si ce discours sera bien évidemment ignoré par les décisionnaires, il inspirera sa génération, et qui sait, peut-être demain cetteenfant sera à la tête d'une nation, ou l'un de ceux qu'elle a inspiré. Alors, notre belle planète, serre les dents, et tiens bon, car le changement va poindre, je peux te promettre que nous ralentirons ta fin, même si nous devons y laisser notre espèce souveraine. Nous nous agenouillerons devant toi, après t'avoir forcé à courber la tête devant nous, nous chérirons tes créatures et te rendrons ta couronne, car tu es seule maître et possesseur de toi-même, alors laisse nous panser tes plaies, avant de te rendre ton dû et disparaître à tout jamais !