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La concentration des médias porte-t-elle atteinte au pluralisme et à la liberté d’expression?

Ce que l’on appelle la “concentration des médias” en France est le fait que les différents organes d’informations soient regroupés entre les mains d’une seule personne ou d’un nombre réduit d’individus. Or, depuis 1986, une loi soumet ces entreprises de médias à un règlement strict, notamment au “respect du caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion”. C’est une loi qui vise à empêcher la concentration des médias et ainsi garantir une diversité de l’information, libre de toute influence.

Cependant, depuis quelques années et en particulier avec l'essor du numérique, on remarque une tendance des médias à être regroupés sous une même bannière, ou du moins à le tenter. On a par exemple vu récemment le cas de la fusion entre les groupes TF1 et M6. Cette opération aurait alors donné naissance à un “super média” englobant plus de 40% de l’audimat et 75% du marché publicitaire à la télévision. Comment pourrait-on encore parler de pluralité des médias après cela? C’est un problème que l’Autorité de concurrence a relevé. Elle a alors imposé aux deux groupes des contraintes afin de respecter une certaine équité entre les différents organes d’informations. TF1 et M6 ont finalement choisi de renoncer à cette fusion, arguant qu’elle n’avait plus aucun sens avec toutes ces contraintes.

Le problème de la concentration des médias a également fait l’objet d’une enquête et d’un rapport du Sénat en mars 2022. Il en ressort que cette concentration fragilise la crédibilité de l’information et les équilibres économiques. En effet, l’influence des politiques ou grandes entreprises sur ces médias est un risque pour la neutralité et la liberté de l’information, auxquels s’ajoutent un nombre de journalistes en baisse et la précarisation du métier. Il est alors facile de constater cette centralisation lorsque, sur deux chaînes différentes, on retrouve presque le même reportage avec les mêmes images, les chaînes se fournissant souvent chez les mêmes pigistes. Ce phénomène accentue d’autant plus la réduction de la diversité d’information et donc la concentration des médias. Le rapport recommande alors de renforcer l’éthique et l’indépendance des médias, d’accroître le pluralisme à la télévision et de financer plus efficacement les médias. Mais est-ce vraiment suffisant et efficace?

L’essor du numérique est également un autre facteur de cette centralisation. Les réseaux sociaux ont bouleversé les modes de communication et les façons de s’informer. La concentration se fait alors d’une autre façon, avec notamment un risque accru de “fake news”. Les médias plus traditionnels sont alors obligés de s’adapter pour les concurrencer et la concentration apparaît comme un moyen efficace pour peser plus lourd.

Avec tous ces éléments, on pourrait légitimement dire que la concentration des médias menace en effet le pluralisme et la liberté d’expression. Entre les influences de personnalités importantes, la nécessité pour certains organes de survivre face à de nouveaux moyens de communication et les bouleversements de la société, le pluralisme se retrouve en danger. Il est pourtant nécessaire afin de garantir une information la plus neutre et objective possible pour celui qui consulte les médias. La liberté d’expression est alors aussi en danger si les idées avancées par certains médias sous influence ne conviennent pas à ceux qui les tiennent. Il faut alors défendre une éthique médiatique pour nous permettre de garder un accès le plus large et diversifié possible à l’information, qu’importe nos idées et orientations. C’est un sujet dont les pouvoirs publics s’emparent mais il reste désormais à savoir si leurs actions seront suffisantes pour sauver les médias du danger de la concentration.


Manon

 
 
 

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